Infirmière en Hôpital public
En quoi consiste votre métier ?
Mon métier, ma mission, c’est soigner toutes les personnes sans distinction de race d’ethnie. C’est aimer les personnes, donner du temps et de l’énergie.
Pendant 10 ans ou j’ai travaillé de nuit, je faisais partie d’un pool d’infirmières et d’infirmiers et affectée chaque nuit dans un service différent : exemple (urgences, réanimation, maternité, EPHAD).
La nuit, les soins techniques tels que faire les pansements, poser les perfusions, distribuer les médicaments, poser des sondes urinaires, aider aux accouchements sont moins nombreux que le jour à l’exception du service de réanimation ou des urgences.
La nuit étant anxiogène pour les personnes malades la dimension relationnelle prend le pas sur les soins techniques. Je passais davantage de temps à rassurer les malades et à les écouter. La nuit je préparais les médicaments pour le jour. Ce travail demande une grande vigilance, difficile à tenir en fonction de l’activité ou des urgences. Je pouvais démarrer parfois avec trois heures de retard cette activité au moment où la fatigue accumulée commence à se faire sentir.
Je travaillais en binôme avec une aide-soignante et nous prenions ensemble notre repas de nuit sauf en cas d’urgence médicale. Exercer le métier d’infirmière de nuit est la meilleure formation post diplôme en raison de la présence d’un nombre réduit de médecins qui de fait délèguent beaucoup de tâches aux infirmières et qui les autorisent à réaliser certains gestes qui sont de leur ressort en journée. Concrètement nous faisions des actes médicaux réservés normalement aux médecins en raison du caractère urgent du soin à faire, comme poser une sonde vésicale pour un homme, poser une sonde gastrique par le nez, faire les gaz du sang.
Par la suite, je suis passée de journée compte tenu que je voulais faire une formation de médecine humanitaire. En journée je réalisais beaucoup plus d’actes techniques. Si la nuit il faut être très autonome en journée il faut exécuter les tâches que l’on nous attribue en raison du nombre plus important de personnels soignants.
Grâce à une formation interne, j’ai exercé par la suite l’activité d’enregistrement d’encéphalogrammes. Je devais enregistrer via des électrodes ou des aiguilles placées sur le crâne du patient l’activité cérébrale.
J’ai passé beaucoup de temps dans le service néonatologie de l’hôpital Necker qui s’occupe des grands prématurés, pendant deux ans.
J’ai quitté l’hôpital public pour exercer le métier d’infirmière du travail à la SNCF. Je secondais le médecin du travail : j’organisais les visites médicales obligatoires et je procédais aux premiers examens (vue, oreilles, tension…) avant que le salarié rencontre le médecin. J’accompagnais également le médecin lors de ses visites sur les lieux de travail (machines du conducteur, ateliers de réparation, bureaux administratifs) afin de vérifier les conditions de travail des salariés.
Durant mon activité j’ai eu aussi l’occasion de partir en mission humanitaire avec médecins du monde en Angola (zone de guerre civile) dans un dispensaire de brousse. Je suis restée 4 mois à faire tous les soins techniques, distribution de nourriture, mise à l’abri de personnes en danger, éducation sanitaire auprès des femmes en matière de contraception, soins aux bébés et enfants.
Quelle est votre formation ?
Voulant devenir médecin j’ai fait une première année de médecine à Melbourne en Australie que j’ai raté en raison de la non-maitrise de l’anglais médical. Par la suite j’ai rejoint la faculté de médecine de Nice ou j’ai pu valider ma première année. Compte tenu du numerus clausus qui fixait le nombre de candidats admis en médecine en 2ème année à 250, les autres étaient admis en dentaire. Cette discipline ne m’intéressait pas et j’ai refusé. J’ai pu intégrer l’école d’infirmières à Nice et j’ai rejoint l’année suivante L’APHP à Paris j’ai obtenu mon diplôme et j’ai démarré ma carrière à l’hôpital public et de nuit.
Pendant que j’exerçais mon métier d’infirmière de nuit, j’ai profité d’heures creuses pour préparer et obtenir une licence de l’histoire de l’art spécialisée dans la période italienne de la renaissance.
Les infirmières peuvent devenir cadre de santé par le biais de concours interne et choisir des spécialités telles que puéricultrice, infirmière anesthésiste et infirmière de bloc.
Quelles sont les qualités et compétences requises pour faire votre métier ?
Beaucoup d’empathie, de l’attention et de l’intuition pour prévenir le risque face à des situations préétablies.
De la patience vis-à-vis des patients qui peuvent ne pas comprendre, avoir peur, faire preuve d’agressivité pour leur expliquer la nécessite des soins.
La diplomatie est très utile pour gérer les relations avec les médecins qui font preuve d’une certaine impatience ou d’autoritarisme dans certains cas.
Faire preuve d’une force mentale et morale face à la souffrance et aussi aux sollicitations abusives (gestes déplacés) ou trop généreuses (cadeaux de patients). Méticuleuse pour assurer des gestes techniques précis.
Grand sens de l’organisation. Faire preuve d’une grande rigueur dans le rangement du matériel. Être attentive aux signaux non verbaux (certains patients souffrent beaucoup sans se plaindre)
Comment se déroule l’une de vos journées ?
Toutes les journées sont différentes en raison des urgences et des situations imprévues auxquelles il faut faire face.
Quels sont les instruments, machines ou outils que vous utilisez ?
Matériel de prélèvement : aiguilles, seringues.
Matériel à pansement : compresses, pinces.
Matériel de surveillance des constantes : tensiomètre, thermomètre, respirateurs, pose de perfusions.
Enregistreurs cardiaques, respirateurs pour faciliter la respiration.
Au bloc opératoire : Boites d’intervention propres, endoscopes.
Branchement sur des machines à dialyse.
Pour la médecine du travail : chaussure de sécurité pour aller sur les lieux de travail.
En quoi votre activité professionnelle vous plait-elle ?
Les Rencontres avec les patients, les familles, les enfants, les médecins, les personnels soignants avec leurs différentes histoires.
Qu’est-ce qui pourrait moins vous plaire dans votre métier ?
Les horaires de travail en décalé qui compliquent la vie privée et familiale.
Qu’est-ce qui varie dans votre travail (matières, personnes rencontrées, objectifs, lieux…) ?
Chaque jour est différent et il y a une absence totale de monotonie.
Les entrepreneur(e)s de votre secteur d’activité recherchent-ils des jeunes ?
Sur ce secteur on gère un déficit important de personnels soignants. La durée moyenne de la carrière d’une infirmière est de 8 ans en Hôpital.
Quel salaire peut-on espérer dans ce métier ?
Démarrage 1 770€ brut par mois en tout début ce carrière. Chaque hôpital dispose d’un budget de primes qui lui est propre qui se rajoutent au salaire. En fin de carrière entre 2 500 € et 3000 € suivant les spécialités choisies.
Comment vous est venue l’idée de faire ce métier ?
En amont je suis moi-même une enfant malade au contact fréquent des médecins et de l’hôpital. De plus quand j’avais 10 ans je vivais en Ethiopie. Le pays n’était pas développé notamment dans les quartiers populaires et il y avait des maladies graves notamment la tuberculose, la gale. Les enfants de ma rue étaient de la gale et avec ma mère nous avions décidé de venir en aide à ces enfants et j’ai aimé soigner ces enfants avec qui je jouais. J’ai appris dès l’âge de 6 ans à badigeonner des plaies et mettre des crèmes sur les plaies. J’ai eu l’envie de devenir médecin dès l’âge de 6 ans.
Avez-vous effectué un ou plusieurs métiers avant celui-ci ?
Parallèlement à ma carrière d’infirmière j’ai exercé le métier d’Ecrivaine public auprès des particuliers dont je faisais principalement la connaissance en milieu hospitalier.
Mireille HELMAN, Hôpital Public